En attendant, regardons Boris

Boris Johnson, le maire de Londres, est un phénomène bien connu dans son pays pour son humour un peu old school, son assurance d’ancien élève à Eton et Oxford, ainsi que pour sa phrase (dont l’authenticité n’est cependant pas vérifiée) : « If you vote for the Conservatives, your wife will get bigger breasts« .

Celui que les Anglais désignent maintenant par son seul prénom, Boris, raconte ici le « lively exchange of views » qu’il a eu avec une Londonienne qui lui reprochait de téléphoner tout en conduisant son vélo… Il parle aussi d’une interview qu’il a fait, d’un responsable serbe, à Belgrade, alors que la ville était bombardée par les forces de l’OTAN.

Toujours aussi foggy

Conformément aux attentes, les Brits n’ont pas envoyé de majorité claire à la Chambre des Communes. Le parti conservateur arrive en tête mais, d’après les projections, il rate la majorité absolue. Le Labour arrive derrière mais garde une position confortable de deuxième parti. Les Liberal Democrats connaissent une grande déception en améliorant à peine leur score de 2005.

Source : The Guardian (guardian.co.uk)

Pour cela, l’issue de ce scrutin reste incertaine quant au gouvernement qui prendra le pouvoir. En effet, la tradition constitutionnelle (car il n’y a pas de Constitution en Grande-Bretagne) donne la priorité au gouvernement sortant pour trouver un accord. Gordon Brown est rentré, de sa circoncription écossaise de Kirkcaldy & Cowdenbeathn, à No. 10, laissant entendre qu’il chercherait à former une coalition. Plusieurs hiérarques travaillistes, comme Lord Mandelson, l’ont déjà fait entendre à la télévision.

Pour autant, la somme des sièges LibDem et travailliste n’atteint pas, toujours selon les dernière estimations, la majorité absolue, même si elle dépasserait les conservateurs. En outre, le leader libéral-démocrate, Nick Clegg, a annoncé clairement son intention de négocier d’abord avec les Tories. L’alliance des LibDems et du parti de David Cameron pourrait, elle, régner avec une majorité absolue sur les Communes. Mais un certain nombre de sujets restent à trancher, et cela ne sera pas facile car les deux partis ont des positions parfois diamétralement opposées (immigration, Europe, défense etc.).

 

Foggy Elections

Claude Monet (1840-1926), Londres, le Parlement, trouée de soleil dans le brouillard, 1904

Un lieu commun qui court sur le système électoral britannique, c’est qu’il permet, grâce à son scrutin à un tour, de constituer une majorité claire à la Chambre des Communes et d’élire un Premier ministre à même de gouverner. Je ne sais pas si ce sont les Brits qui ont un esprit de contradiction hypertrophié ou si c’est l’Histoire qui prend plaisir à jouer des tours aux doctes professeurs de droit constitutionnel, mais l’issue des élections générales qui auront lieu demain est loin d’être certaine malgré la relative avance des conservateurs. Il est probable que les nouveaux MPs formeront un hung parliament, ce qui n’a pas eu lieu depuis les élections de février 1974 (qui furent corrigées par de nouvelles élections huit mois plus tard). Cela fait longtemps que les Anglais n’avaient pas voté pour des élections nationales. Depuis 2005 avec la reconduction du Labour Party sous la direction de Tony Blair. Nos voisins d’outre-Manche semblent avoir fait de cette General Election l’occasion pour eux de se défouler un bon coup sur leur système politique et sur leurs représentants.

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En attendant l’averse…

Un article est en préparation qui traitera de la campagne électorale au Royaume-Uni et ses rebondissements avec la poussée des Liberal Democrats emmenés par Nick Clegg. En attendant le crachin britannique, voici le poll tracker mis à la disposition des internautes par le Daily Telegraph.

Les Brits ont cette heureuse tradition de faire tourner à plein régime les paris sur l’issue des élections, ce qui fournit deux types d’information : les intentions de vote relevées sur des échantillons par les instituts de sondages et les conjectures les plus raisonnables quant au vote qui aura lieu le 6 mai prochain.

Un sondage YouGov du 19 avril fait passer, pour la première fois, les Liberal Democrats en tête des intentions de vote, avec 33% contre 32% pour les Tories (leur score le plus bas évalué par cet institut), même si la moyenne des sondages conserve l’ordre d’arrivée attendu : conservateurs (36%), travaillistes (30%) et LibDems (23%).

Les projections de sièges sont aussi intéressantes puisque l’on constate que l’augmentation de l’aura des Liberal Democrats permise par la performance de Nick Clegg lors du débat télévisé du 15 avril dernier se traduit principalement par une chute des sièges remportés par les Tories, permettant aux travaillistes de Gordon Brown de reprendre l’avantage. Une mécanique que l’équipe de campagne de David Cameron ne manquera pas de faire remarquer avec insistance pour convaincre aux électeurs que le vote pour le changement en faveur de Nick Clegg risque d’aboutir à une potentielle prolongation du mandat du Labour Party