Frigorifié et fatigué. C’est ainsi que j’ai fini la journée du dimanche 13 janvier, première fois pour un novice de la manifestation. Mais c’était une bonne journée. Pas de dérapage visible, des slogans amusants et une ambiance excellente. Il était clair que beaucoup étaient venus pour s’opposer d’abord à l’idée qu’un enfant puisse avoir deux pères ou deux mères.
Les animations prévues sur le Champ de Mars étaient d’une qualité… inégale. J’ai particulièrement apprécié le Gangnam Style improvisé pour réchauffer la foule (bien que le présentateur n’ait pas réussi à le prononcer une fois correctement… « gangang style » — sic). En revanche, les clowns chargés du comptage ne m’ont pas franchement enchanté… Parmi les meilleures interventions, celle de Benoît Talleu (Les Adoptés) et celle de Jean-Pier Delaume-Myard. Deux discours pénibles et inutiles ont été prononcés par Philippe Ariño et Xavier Bongibault.
En rentrant chez moi, mon news feed Facebook était inondé de remarques sur la manifestation : quelques photos, quelques « j’y étais » mais, surtout, une avalanche de commentaires ironiques, hostiles et caricaturaux. « Manifestation de haine », « rétrogrades », j’ai compris que quand on noue des amitiés rue Saint-Guillaume notamment, il faut savoir être confronté à une critique dure, tenace, et souvent facile.
Heureusement, la mobilisation massive a mis du baume au cœur des opposants au projet de loi. Le nombre des manifestants était impressionnant et je fais partie de ceux qui restent franchement circonspects face aux chiffres avancés par la préfecture de police.
Quoi qu’il en soit, il semble que l’opposition au projet de loi se soit imposée dans le débat public : la droite parlementaire ne rechigne plus à s’opposer au projet avec une certaine force, quand bien même l’appel au référendum formulé par Henri Guaino hier à l’Assemblée nationale risque s’achopper sur l’article 11 de la Constitution. Lundi soir, l’émission Mots Croisés a, pour la première fois depuis longtemps, permis d’approcher sérieusement le fond du débat et de dégager le véritable clivage entre les supporters du projet et les opposants : la différence des sexes a-t-elle de la pertinence ?