Les catholiques, la droite et la gauche

ND du travail

Notre-Dame du Travail, Paris XIVe.

Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, la blogosphère catholique égrène ses bilans sur le mouvement de la Manif pour Tous contre le mariage pour tous.

Un fiasco si l’on s’en tient à l’objectif formel qui était le retrait du texte et si l’on considère les embardées ridicules (et humiliantes) des parties les plus radicales du mouvement d’opposition. Les optimistes corrigeront, à raison, en disant que la légalisation des PMA/GPA a tout de même été reportée sine die. Les romantiques se rappelleront, eux, les incroyables frissons procurés par les gigantesques manifs bleu-blanc-rose.

Sur le fond, on a bien vu que l’Église catholique, bien que volontairement en retrait par rapport au mouvement lui-même, a, en sous-main, largement suscité l’opposition à la loi Taubira, dès le 15 août 2012 avec la prière de Mgr Vingt-Trois. Les cloches de Saint-François-Xavier saluant les manifestants sur leur passage rappelaient clairement où se positionnait la hiérarchie ecclésiale dans toute cette histoire. Et ceux qui, comme moi, ont battu le pavé ont tous croisé de nombreux curés, les uns en K-way, les autres en soutane…

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L’art de noyer le poisson

D’accord, la tribune des catholiques homosexuels publiée le 15 août par La Croix est rédigée dans un style un brin… grandiloquent et effectue quelques raccourcis un peu brouillons.

Il n’empêche qu’elle pose une question que l’année qui vient de s’écouler n’a rendue que plus vivace : la pastorale de l’Eglise quant à l’homosexualité est-elle aussi juste et charitable que se l’imaginent certains catholiques ? Et de ce point de vue, les catholiques homosexuels n’ont-ils pas des choses intéressantes à dire à leurs frères et sœurs ?

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Renonciation de Benoît XVI

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Le Pape a annoncé son intention de renoncer au pontificat le 28 février prochain.

Le cardinal Vingt-Trois, devant les participants d’Even réunis en la cathédrale Notre-Dame de Paris, a conclu son enseignement sur le baptême en nous demandant de rendre grâce à Dieu pour le pontificat de Benoît XVI et de prier pour les cardinaux qui devront élire, en mars, le 266ème pape de l’Église catholique.

Duflologie

Caecilia Duflotensia Ecologis

Caecilia Duflotensia Ecologis

Le problème avec la dernière sortie de Cécile Duflot, c’est qu’elle n’a pas tout à fait tort (attendez, je vais m’expliquer !) suscite des réactions parfois plus embêtantes que ce qu’elle dit elle-même. L’avalanche de réponses agacées que lui ont valu ses propos sur le domaine foncier de l’archevêché de Paris a parfois atteint un tel sommet de mépris et de détestation qu’il me semble que certains souhaitaient juste se payer la ministre écolo du Logement plutôt que formuler une remarque un minimum construite sur la lutte contre les cas de détresse matérielle grave.

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Laïcs dans l’Église

Il y a un sujet dont j’ai souvent l’occasion de discuter avec mes amis, en particulier quand l’Église est secouée par divers scandales médiatiques : qu’ont à faire les laïcs catholiques dans tout ça ?

Bien souvent l’on arrive à la conclusion, frustrante, que rien dans l’Église ne peut se faire sans être décidé par des prêtres, ou au moins des personnes consacrées : le cœur organisationnel d’une paroisse, de la hiérarchie ecclésiale dans son ensemble, ce sont des prêtres, du curé au pape. Souvent cité est l’exemple de la Curie romaine, où tous les postes sont occupés par des cardinaux ou des évêques.

Cela dit, il ne faut pas dresser un tableau complètement caricatural de la situation. Des laïcs sont engagés dans l’Église et depuis bien longtemps : que sont les syndicats chrétiens, les associations d’entraide, d’éducation, de réflexion, de pastorale…? Sur Internet, la cathosphère est elle-même constituée de laïcs catholiques engagés, avides de débat et de porter sur eux une partie de la responsabilité de faire vivre notre Église — comment ne pas citer l’énergie qui habite les joyeux lurons de la Fraternité des Amis de Saint Médard ?

Peut-être tout cela est-il insuffisant. En effet, j’ai l’impression que quoi qu’il arrive, la remarque de départ demeure : les prêtres sont un peu « l’alpha et l’oméga », pour parler comme un profane, du mouvement de l’Église.

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La querelle catholico-libérale

Article publié sur Antidoxe.

Christ Pantocrator

En ce lundi de Pâques, la délicieuse lecture d’un billet intitulé « Si l’AFP existait en 33… » sur Le temps d’y penser m’a emmené plus loin dans les articles rédigés par son auteur, Incarnare : je suis donc tombé sur un texte posté en novembre dernier, « Pour un libéralisme bien compris », lequel répondait à deux autres billets respectivement de Charles Vaugirard et de Patrice de Plunkett.

Incarnare répond, avec un agacement apparent, aux deux autres blogueurs catholiques, qui se sont, selon lui, fait « une respectabilité à peu de frais » en dénonçant le libéralisme économique, tendance qui est on ne peut plus conventionnelle dans le débat politique national… depuis belle lurette.

Puisque ce jour est férié et que j’ai un peu de temps, j’ai pensé que je pourrais bien mettre mon grain de sel dans cet échange, quitte à arriver plusieurs mois après la bataille. Je laisserai de côté le billet de Plunkett, qui ne consiste en fait que dans la relation de propos tenus par Jean Arthuis et qui servent de prétexte au blogueur pour se payer les « idéologues libéraux ».

S’il est difficile de démêler l’écheveau des critiques antilibérales formulées par certains catholiques, d’autant plus qu’il est bien souvent gâté par quelques clichés sommaires ou des déclarations à l’emporte-pièce, je vais essayer ici d’y remettre de l’ordre et d’y répondre au mieux.

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Laïcité et identité nationale

Le gouvernement italien défend, devant la Cour européenne des droits de l’homme, la présence de crucifix dans les salles de classe de ses écoles publiques, après la plainte d’une mère qui y voit une affirmation impérieuse et prosélyte de la religion catholique. Sur RTL, Éric Zemmour a défendu la position italienne : « Si le crucifix de cette nation, qui s’est constituée tardivement, à l’ombre de la papauté, fait partie de leur identité nationale, au nom de quoi leur enlever ? »

On notera avec bonheur la référence à deux réflexes bien français : d’une part, évidemment, le sentiment répandu que les signes religieux n’ont rien à faire à l’école, donc si nous devions conseiller les Italiens, nous leur dirions d’enlever les crucifix, d’autre part, le refus de voir dicter la loi et la coutume nationales par des juges internationaux. Un général français aurait presque pu parler d’un « aréopage apatride, technocratique et irresponsable »…